Ma mère m’a transmis l’amour du parfum. Ma maman n’a pas un parfum de référence. Elle en a plusieurs. Et au fil des beaux lancements, elle se laisse parfois tenter par une nouvelle odeur. Si bien que j’ai plusieurs odeurs fétiches, qui me font irrémédiablement penser à ma maman. Moi, je suis (un peu) (beaucoup) pareil. J’aimerais être de ces filles qui ont UN parfum, une signature olfactive. Mais, ce n’est absolument pas le cas. Quoi que…
En déménageant il y a plusieurs mois, j’ai fait un tri énorme dans mon placard beauté. J’ai retrouvé des parfums achetés, d’autres que des marques m’avaient offerts… Certains étaient encore sous blister, d’autres carrément entamés… Quand d’autres encore puaient la mort tant ils avaient vieilli. Et je me suis rendue compte que certains d’entre eux me ramenaient à un épisode de ma vie, que je souhaitais chérir et garder en mémoire… Hier, je vous parlais de portrait chinois. Là, c’est presque la même chose, si ce n’est que l’on va encore plus loin, tout en émotion…
Mon premier parfum, après Tartine et Chocolat quand j’étais petite, fut Energizing Fragrance de Shiseido. Un cadeau de mes parents. Quelque chose de frais, de léger, de surtout pas da-dame, j’étais si adolescente à l’époque. Ce parfum a été ma signature. Celle que j’aurais pu garder toute ma vie si Shiseido n’avait pas décider de l’arrêter de manière si abrupte. Energizing Fragrance, c’était mon énergie, mon rituel du matin. Je ne pouvais pas vivre sans. Comme si mes parents m’avaient offert une dose de confiance en moi, que je n’avais pas à l’époque.
Bien des années plus tard, j’ai re-croisé la route d’Energizing Fragrance, en devenant blogueuse. Je parlais de cette déchirure, oui c’est le mot, à l’un des salariés de Shiseido qui me demandait comme j’avais connu la marque… Et, quelques jours plus tard, un coursier me livrait les fonds de tiroir de la filiale française. Chez Shiseido, une bonne fée avait oeuvré pour récupérer les derniers flacons restants et m’en offrir un. Ce jour-là, j’ai re-plongé dans mon adolescence, si tourmentée mais si belle… Energizing Fragrance m’a fait le même effet qu’à l’époque et même si je l’utilise avec parcimonie, qu’il est doux de replonger dans ce bain de fraîcheur !
Entre temps, comme Energizing Fragrance avait disparu de la circulation, mes parents m’ont fait un deuxième cadeau : Coco Mademoiselle de Chanel. Un must-have. Un parfum qui a été un carton dès sa sortie, et qui me plaisait car il était dans l’air du temps. Avec Coco Mademoiselle, j’étais à la mode. Ca me plaisait beaucoup. Mais je trouvais en même temps cette odeur si chic. Plusieurs années après, j’en ris un peu, et me dis que j’étais tellement peu différente des autres : tous les ascensceurs du 16° arrondissement sentaient la même chose, non ?! (Blagounette, hein. Mais Coco Mademoiselle est tout de même très cliché, avec du recul). Je suis rapidement passée à autre chose, au final, car j’en avais marre d’être si similaire aux autres. Au moins, Energizing Fragrance, personne de mon entourage ne le portait.
En 2009, j’ai fait la découverte d’Eau de Sisley. Il s’agissait de 3 eaux portant les numéros 1, 2 et 3. La marque m’avait offert les trois dès sa sortie pour que j’en parle sur mon blog. Je suis tombée amoureuse de chacune des trois, puis j’ai racheté la numéro 2 à plusieurs reprises. Une fois encore, j’ai eu un coup de foudre pour une marque référence de ma Maman… L’Eau du Soir de Sisley ayant bercé ma jeunesse… Aujourd’hui, je porte beaucoup moins l’Eau de Sisley n°2, hormis en été, le soir… Ca sent la verdure, si je puis dire. J’aime énormément. Mais ce parfum est aussi synonyme pour moi d’années plus sombres, que je souhaite oublier. C’est sans doute la raison pour laquelle je le laisse un peu plus de côté… Comme quoi…
Puis, Yves Saint Laurent a lancé le parfum Parisienne. J’ai été invitée au lancement, j’ai senti le parfum… A la base, tout ce que je déteste : de la rose. Et pourtant, l’alchimie a eu lieu et plusieurs années encore, je continue de porter ce parfum. Parisienne d’YSL représente pour moi l’accomplissement, le passage de ma vie d’adulescente (oui oui, avec un U) à celle d’une véritable adulte. Je suis une femme qui s’assume, qui s’aime, qui est indépendante, qui fait ce qu’elle veut. Mais une femme jeune, qui porte encore des odeurs de jeune fille en fleur, avec de la rose… Faut pas déconner non plus ! Parisienne m’a fait découvrir l’amour, le vrai. Parisienne de YSL était encore à mes côtés, sur mes poignets et dans mon cou, quand j’ai vraiment croqué la vie à pleines dents. Parisienne est mon parfum de la chance. Une belle histoire. Si belle que je n’ai de cesse de le racheter, je ne peux plus vivre sans. S’il y a certains jours où je porte autre chose, « histoire de », je reviens irrémédiablement vers Parisienne, vers mes effluves positives.
Un autre parfum a également fait chavirer mon coeur dès sa sortie. Il s’agit ni plus ni moins d’Oriens, de Van Cleef & Arpels. Cette fragrance sent la séduction. Je ne saurais pas quoi vous dire d’autre, allons droit au but alors ! Cela fait un moment que je l’ai laissé tomber, car je suis dans une zone de confort, pensant que je n’ai rien à prouver à qui que ce soit… Je le ressors occasionnellement, pour des soirées, par exemple. Car je sais que personne ne le porte dans mon entourage ! C’est un must-have un brin confidentiel, tout de même.
Enfin, une odeur que j’aime énormément est Serge Noire de Serge Lutens. Je l’ai acheté à mille reprise depuis sa sortie (façon de parler). C’est une odeur difficile à porter pour une femme, c’est un parfum qui nécessite de s’affirmer. Je l’aime énormément mais ne le porte qu’en hiver, car je suis persuadée que des parfums peuvent jouer la valse des saisons.
Et tous les autres alors ? Je les aime tous, à ma manière. Je les porte moins souvent, ils ont un peu moins de signification. Certains m’ont été offerts via le blog, d’autres ont été achetés… Mais ils ornent tous ma salle de bains. Car j’ai un rapport très important à l’odeur qui aide à se construire, et à se créer des souvenirs. Car ces parfums sont là et m’attendent peut-être, pour construire mon avenir. Je n’en sais rien, mais je les aime aussi.
Et vous ? Vous vivez aussi des histoires d’amour avec des parfums ?